Sortez du paradoxe du mouton !
Nous sommes à chaque instant en quête de liberté… et pour cela nous voulons éviter d’être dans cette posture de suiveur… tout en s’assurant de demeurer « branché », « à la mode » … En somme, ne pas être un mouton, mais tout de même rester dans le mouvement !
Paradoxe déchirant.
Les moutons ont cette réputation de sauter depuis n’importe où, dès lors que le premier des leurs a franchi le pas. En même temps, le mouton ne sait pas qu’il l’est. Il n’a pas conscience de ses non-choix. Il est donc facile de le faire tomber dans le piège car il n’y a rien à faire, juste suivre le mouvement… Et voilà notre possible écueil ! Alors que nous avons une réelle possibilité de responsabilité face à nos choix, nous pouvons être amenés à suivre très facilement le mouvement, parce que cela ne demande pas d’effort !
Vivez-vous comme un mouton ?
Reconsidérons notre mouton pour saisir son comportement. Il est fort probable que la peur de l’inconnu, le risque de perdre le peu qu’il a ou encore le désir de contourner la difficulté expliquent assez bien son comportement de suiveur. Dès lors que l’on sort de l’habituel, du rituel, la difficulté devient complexe au point d’être perçue comme un défi… en dehors de son champ de compétences. Alors il vaut mieux l’éviter.
Vivre comme un mouton, c’est un peu penser comme un mouton… c’est-à-dire fuir. Cela rappelle la base reptilienne de notre cerveau qui, face à la peur, ne propose que deux réponses : fuir ou combattre. Ne pas se sentir armé pour la seconde (c’est le cas du mouton), c’est vivre dans la fuite.
Où vous situez-vous ? Combien de fois par jour ressentez-vous ce sentiment de fuite ou de peur ? Y apportez-vous des réponses personnelles, fondées sur votre fort intérieur ou sur des solutions modélisées ? Vos réponses à ces questions pourraient vous éclairer…
Se battre pour tout ne serait pas plus intelligent, surtout pour décrier (comme on l’entend parfois dans des diners) le monde, l’économie, les politiciens, les entreprises, les artistes… Et tout cela sans apporter aucune contribution ou proposition. L’énergie passée à râler doit être investie dans des projets. Se positionner avec des convictions affirmées, par le discernement et l’analyse, avec des propositions circonstanciées est un moyen de se respecter et de s’accomplir. C’est aussi faire le choix de ses combats.
Est-ce que vous bossez comme un mouton ?
Dans le même esprit, le principal dans la routine, c’est d’avoir du travail ! C’est bien par ce levier que l’on mène par le bout du nez… parce que cela nous rassure ! Et il vaut mieux être rassuré, même si c’est pour vivre un calvaire ! Comme on dit… « Quand on n’a pas le choix, il faut faire avec ! ». Et voilà comment, par ce que l’on nomme l’impuissance apprise, le travail est subi, comment il peut aussi devenir violent et même dévalorisant car le mouton peut se convaincre qu’il ne vaut pas plus qu’un autre et il s’enferme alors dans le subi. Le drame, c’est que l’envie de faire ce que l’on aime devient au mieux une idée folle et au pire un rêve… alors que nous avons précisément besoin de NOTRE rêve singulier pour construire.
Achetez-vous comme un mouton ?
Un mouton ne demande pas, ne négocie pas, n’analyse pas, il prend. Rapporté à notre consommation, le prix sur l’étiquette correspond à ce qui est à payer (sans se poser de question), le principal étant de pouvoir acheter. Nous sommes tellement intoxiqués par la publicité que payer pour tout devient normal. Internet y contribue d’ailleurs largement puisqu’il n’y a alors plus personne pour négocier, personne pour discuter… On a juste à consommer.
Mais faudrait-il tout négocier ? Assurément non ! Là encore, c’est le juste milieu qui est à trouver, en effectuant de véritables choix notamment sur ce dont nous avons vraiment besoin, sur les valeurs du produit (respect de l’Homme, de l’environnement…), sur l’économie locale… En fait, il s’agit de consommer avec discernement. Chaque situation est différente : payer du pop-corn au cinéma à un enfant pour créer une bonne expérience est peut-être une bonne idée alors que s’en offrir régulièrement ne l’est peut-être pas…
Vous détendez-vous comme un mouton ?
L’urbanisation nous offre tellement de choses et d’occasions de sortir du « métro, boulot, dodo ». Et pourtant, la télévision demeure notre moyen de détente préféré. Puisque l’on ne sort plus les fauteuils de sa maison pour discuter sur la place du quartier ou du village, nous reconstituons nos « communautés » autour des programmes télévisés, eux-mêmes de plus en plus reliés au numérique et donc au sentiment de partage en direct… En consacrant de nombreuses heures à imaginer se détendre, le mouton s’enferme dans la pauvreté.
Il consacre aussi de plus en plus de temps aux réseaux sociaux… comme Facebook. Un autre spectacle merveilleux pour avoir des nouvelles de tout le monde et ne plus échanger avec personne. Cette fenêtre sur le monde permet de comparer avec orgueil les réussites sociales, de proclamer ses convictions sans engagement, de cultiver des idées fausses… bref d’aplanir la pensée critique.
Le mouton consacre un temps important à séduire… pour ne pas déplaire. Y compris avec les personnes qu’il n’aime pas. Avoir un ennemi serait un danger trop imprudent et un risque de perdre pied… Mieux vaut séduire (fuir).
Voyagez-vous comme un mouton ?
Voyager est un truc qu’il faut faire une fois par an. Avant même de penser à une nouvelle exploration, une nouvelle découverte… le mouton renonce à sa curiosité (Certains disent qu’elle est un vilain défaut… Pas moi !). Ainsi, on visite les destinations à la mode, on s’aventure dans les villages vacances qui ressemblent à la ville. Le déplacement vers le lieu de villégiature devient alors le principal moment de l’aventure… en passant par les bouchons, en n’oubliant rien dans la constitution des valises ! Et si vos vacances devenaient une véritable aventure, avec des rencontres personnelles, des moments sublimes avec la beauté et les émotions, une magnifique rencontre avec la culture et l’histoire… Et si notre vie elle-même pouvait être une aventure vivante ?
Reprenez conscience !
Voyager, se détendre est pourtant ce que tout le monde sait faire, en cherchant un peu plus loin. Un bon repas avec des gens que l’on apprécie, un livre qui nous apprend des choses sur nous-même sont suffisants. Et si l’un des secrets était simplement de faire des choix conscients ?
Comment savoir qu’un choix est conscient ? Imaginez que vous ayez à le justifier. Comment ça se passerait ? Répondez à la question « Et si c’était à refaire ? »
Nous sommes tous le mouton d’un autre. Essayons modestement de chercher à nous améliorer !