Pourquoi les politiciens sont-ils obligés de mentir ?
En cette période de primaires, bientôt suivie de la campagne présidentielle officielle, on ne peut plus ouvrir un journal, écouter un flash info sans être touché par le surenchérissement des propositions de candidats ou de leurs confidences acerbes. Les politiciens jouent au ping-pong en se renvoyant la balle et en s’appuyant sur le tir de l’autre pour taper plus fort. Quid de la véracité de leurs engagements… Les électeurs sont septiques !
Pourquoi les politiciens sont-ils contraints à mentir ou, à tout le moins, évitent-ils au maximum de dire la vérité ?
La réponse toute simple : parce que c’est ce qu’il faut faire pour gagner des élections. Le problème ne relève pas des politiciens, mais des électeurs. Les politiciens mentent parce que les électeurs punissent les candidats honnêtes.
Ils mentent aussi parce que « l ’apparence de bonté » permet de gagner des votes. Point à la ligne. Si un candidat déclare que les impôts ne peuvent être diminués que si on réduit les services, ou s’il promet un nouveau programme qui nécessitera une hausse des impôts, il n’a aucune chance face au candidat qui promet de réaliser les mêmes choses simplement en « coupant dans le gras ».
Mais ne nous y trompons pas ! Les politiciens ne sont pas les seuls à mentir…
La nature humaine s’appuie sur le mensonge
Lorsqu’un recruteur sélectionne un nouveau salarié et qu’il lui demande s’il aime se « défoncer » pour le travail, le candidat préfèrera consciencieusement répondre affirmativement, avec enthousiasme. C’en est presque risible. Qui voulait-il berner ? La plupart d’entre nous en telle situation (recrutement, vente commerciale, négociation d’achat…), en usant d’un minima de bon sens, fera la même chose que ce candidat en évitant soigneusement d’affirmer une autre vérité : « Euh, en fait, j’aime arriver tranquillement au bureau, prendre le temps de siroter un café avant de me mettre au boulot. J’aime aussi prendre deux heures pour le déjeuner ! »
En réalité, on ne peut pas s’attendre à ce qu’une personne réponde franchement si la seule réponse qui lui permet de décrocher un emploi est celle que le recruteur désire entendre. Cela s’applique aux politiciens ainsi qu’aux premiers rendez-vous galants. Ne disons-nous pas tous que nous aimons les longues marches sous la pluie ? Des années plus tard, lorsque vous êtes affalé(e) sur le canapé en compagnie de votre conjoint(e), proposez-lui donc d’aller vous balader s’il pleut à verse !
La nature humaine : la personne à qui on ment
La vérité n’est pas toujours agréable à entendre. Or, plus nous réagissons mal à la vérité, plus les gens sont portés à nous mentir. La personne à qui on ment est donc partiellement responsable du mensonge (n’en profitons pas justement pour fonder une légitimité dans le mensonge !). C’est notre immaturité – une combinaison de colère, d’idéalisme, d’anxiété et de réticence à accepter les réalités désagréables – qui incite les menteurs à mentir.
Demandez à quelqu’un s’il aime votre nouvelle coiffure, et il vous dira « oui ». Demandez à un politicien s’il va construire un nouveau pont ou offrir de meilleurs soins de santé… À quoi vous attendez-vous ? À de la franchise ? Franchement ! Si vous voulons des politiciens honnêtes, il faut cesser de les punir de dire la vérité.