L’évolution post-traumatique
La douleur de perdre un être cher est indescriptible. Le survivant est souvent incapable d’imaginer l’avenir sans son cher disparu. Toutefois, les choses se passent de manière radicalement différente selon les individus. Certains ne s’en remettent jamais. D’autres tournent la page après une période de deuil de durée variable et se remettent à vivre comme avant – ils agissent de la même façon et ressentent les mêmes émotions. Enfin, il y a ceux qui connaissent ce que Lawrence Calhoun, professeur de psychologie, et Richard Tedeschi, psychologue, appellent une « évolution post-traumatique » : la perte cruelle qu’ils ont subie les transforme en profondeur ; ils apprécient davantage la vie, leurs relations avec les autres s’améliorent et il deviennent plus résistants aux épreuves de l’existence.
Dans ses travaux sur le deuil, Colin Murray Parkes, psychiatre, soutient que les veuves qui n’expriment pas ce qu’elles ressentent après le décès de leur mari souffrent de troubles psychologiques et somatiques plus graves que les autres, celles qui « craquent ». James Pennebacker, psychologue social, rapporte que d’autres travaux montrent que « plus les gens parlent entre eux de la mort de leur conjoint, moins ils se plaignent de problèmes de santé ». Au bout d’un moment, même s’ils éprouvent encore du chagrin – et s’ils acceptent –, ils deviennent capables de recommencer à vivre.
En s’autorisant à éprouver à fond ses sentiments, à craquer si il le faut, on se donne les moyens d’émerger du naufrage et de se créer des fondations affectives plus solides, plus à même de nous soutenir, nous et notre entourage.
Dans le passé, comment avez-vous réagi face au deuil,
qu’il s’agisse de la perte d’un ami, d’une compagne ou d’un compagnon,
d’un travail ou de toute autre chose importante à vos yeux ?
TENTEZ L’EXPERIENCE…
La méditation d’auto-attention
L’auto-attention consiste à prendre pleinement conscience de ce que l’on est en train de faire et à accepter autant que possible le moment présent, sans jugement ni évaluation. On est auto-attentif quand on s’autorise à éprouver les sentiments qui se manifestent, quels qu’ils soient, qu’ils nous plaisent ou non.
La méditation d’auto-attention est la pratique de l’acceptation. Prenons un exemple : si je joue au tennis, et si je me contente de comprendre, sur le plan théorique, ce qui peut améliorer mon revers, je n’irais pas loin. Pour m’améliorer, il faut que je mette le geste en pratique. Et l’acceptation théorique a aussi ses limites.
Cette méthode est en elle-même assez simple, mais il en va tout autrement de son inscription comme pratique régulière dans la vie. Pour que la méditation ait un impact significatif sur la qualité de celle-ci, il faut en effet s’y adonner assidûment, l’idéal étant de pratiquer tous les jours au moins 10 à 20 minutes.
Toutefois, une séance tous les deux jours ou même une fois par semaine, c’est mieux que rien. Les variantes sont nombreuses, et il est préférable de fréquenter un cours dispensé par un instructeur expérimenté. Mais on peut déjà suivre ces quelques instructions de méditation simple et s’y mettre sans attendre. Asseyez-vous par terre ou sur une chaise. Installez-vous confortablement, de préférence le dos et la nuque bien droits. Vous pouvez fermer les yeux si cela vous aide à vous détendre et à vous concentrer. Focalisez-vous sur votre respiration, inspirer doucement, lentement, profondément. Sentez bien l’air descendre jusqu’au creux de la cage thoracique, puis expirer lentement et doucement. Sentez bien votre ventre se gonfler, se dégonfler. Pendant quelques minutes, concentrez-vous sur votre ventre qui se remplit d’air quand vous inhalez, et se désemplit quand vous expirez. Toujours lentement, doucement. Si votre esprit vagabonde, ramenez-le gentiment, lentement, vers ce mouvement alternatif. Vous n’essayez pas de changer quoi que ce soit. Vous êtes, tout simplement.
Et si ces questions vous intéressent aussi pour des rituels professionnels… parlons-en !
Psychologie HS n°44, page 82