Les leçons de jalousie
Un jour, un PDG auprès duquel j’officiais comme consultant m’a suggéré de dispenser un cours sur le leadership : j’ai donc demandé à un de mes amis expert en la matière et excellent orateur de me venir en aide. Nous nous sommes réparti les cours. Et à le voir interagir avec mon client, à constater à quel point les auditeurs étais captivés par son éloquence, je me suis pris à regretter de l’avoir sollicité. J’étais jaloux. J’en étais malade, je n’ai pratiquement pas dormi pendant trois jours. Comment pouvais-je être jaloux d’un ami ? Regretter de l’avoir convié à mes côtés alors que nous avions tant apprendre de lui, les personnes inscrites au séminaire et moi-même ?
Pour finir, j’ai résolu de lui en parler – tant pour me confier que pour lui demander son avis. Et là, il m’a avoué avoir éprouvé le même sentiment en me voyant l’œuvre ! Ce jour-là, nous avons évoqué notre vécu personnel par rapport à la jalousie, et ce seul fait nous a réconforté et rapproché. Cela dit, la seule conclusion à laquelle nous nous soyons parvenus est que le sentiment est normal et, dans une certaine mesure, inévitable. Ni mon ami, ni moi-même n’avons fait le choix d’être jaloux. En revanche, nous avons dû prendre deux décisions.
La première : soit refuser, soit accepter notre réaction affective – refouler ou admettre ce qui était une réalité. La seconde : agir, mus par notre impulsion de départ (par exemple, ceser de travailler avec des gens dont nous sommes jaloux), ou dépasser cette première impression (nouer le plus grand nombre possible d’alliances avec des gens compétents). Il nous sera d’autant plus facile d’adopter cette seconde solution que nous aurons préalablement opté pour l’acceptation de nos sentiments, puisque les émotions négatives s’intensifient et ont plus de chances de nous envahir quand nous tentons de les refouler. Si je refuse d’admettre que je peux être jaloux d’un ami, il est probable que je me comporterai de manière déplorable avec lui avant de justifier cette attitude à mes propres yeux. Personnellement, si j’avais nié la véritable nature de mes sentiments envers cet ami, j’aurais cherché une autre explication au malaise que je ressentais désormais en sa compagnie. Nous sommes faits de raison et de sentiments, et si nous éprouvons tel ou tel sentiment, il faut que nous en connaissions la raison. Au lieu d’affronter la véritable raison de ma réaction affective, d’admettre des émotions que je n’approuvais pas, j’aurais sans doute tenté de rendre mon ami responsable de mon trouble. Car, en évitant de se considérer à ses propres yeux, on en vient fréquemment à accuser les gens et donc à se montrer injuste envers eux.
Dans quelles circonstances vous arrive-t-il – ou vous est-il arrivé –
de ressentir de la jalousie ou de l’envie ?
Observez ce sentiment, acceptez-le sens essayer de le changer,
puis attachez-vous à vous comporter d’une manière qui vous semble noble.
TENTEZ L’EXPERIENCE…
La projection défensive
Le refoulement des pensées ou des sentiments indésirables peut avoir de graves conséquences. Dans leurs travaux sur la projection défensive, le psychologue Léonard Newman et ses collègues écrivent : « Quand on refuse de savourer ses propres défauts, on a fortement tendance à percevoir les mêmes chez les autres.» Idées et émotions malvenues deviennent alors « chroniquement accessibles » – et on commence à les reconnaître chez tous les gens qui nous entourent quand bien souvent elles n’y sont pas.
Énumérez cinq situations où vous avez ressenti de la jalousie ou de l’envie pendant la semaine, ou bien dans un passé moins récent. Puis, pour chacune, soit essayez d’évoquer ces sentiments avec la personne concernée, ou mettez-les par écrit. Le simple fait d’admettre qu’on a été jaloux ou envieux ,en n’en parlant ou en inscrivant noir sur blanc, aide souvent à adoucir l’émotion associée et à la surmonter.