Efficacité au travail ? Question de bon sens !
Si vous croisez au petit matin un urgentiste ou un pompier après leur nuit de garde, vous serez certainement surpris de voir qu’avant la fatigue, vous verrez le rayonnement de fierté dans leurs yeux. Ils vous diront, à raison, qu’ils ne sont pas suffisamment payés face à leurs efforts, mais ils sauront vous dire pour quoi ils ont travaillé durant la nuit ! Ils auront aidé une grand-mère après une chute, sauvé un enfant qui s’étranglait, ramené à la vie un conducteur tombé dans un ravin… Cette assurance d’avoir été utile dépasse totalement les déceptions ou frustrations de leur métier.
L’importance de la reconnaissance.
Les psychologues s’accordent parfaitement sur cette affirmation selon laquelle on est plus facilement motivé par son travail lorsqu’on lui donne sens et que celui donne sens à l’existence. En ce sens, un économiste américain (à l’école de Cambridge) a apporté une démonstration par l’expérimentation. Il a demandé à ses étudiants de souligner dans une série de pages, toutes les apparitions de deux lettres « s » consécutives. Le challenge consistait aussi à leur donner 0.55 dollars pour la première page, puis 0.5 dollars de moins à chaque page suivante. Deux processus sont mis en œuvre :
- Pour le premier, les étudiants signent chaque feuille avant de la remettre au correcteur qui vérifie et classe le document.
- Dans le second protocole, le correcteur prend la feuille sans la regarder et la classe directement… dans une corbeille à papier.
Le résultat est sans surprise : les premiers étudiants remplissent neuf feuilles alors que les seconds peinent à en réaliser six. Les correcteurs observent également que les étudiants dont on observe même pas le travail n’ont pas pour autant utiliser de subterfuges, n’ont pas triché ou souligné les lettres au hasard. En revanche, ils ont manifesté leur amertume, et pour certains leur colère, d’être si peu considérés.
Le salaire ne suffit pas !
L’importance du sens de l’action menée est un réel moteur pour s’engager dans son travail. Et l’argent ne suffit pas à motiver ou tout au moins son effet « récompense » est confortant pour la reconnaissance qu’il offre devant des efforts déjà effectués, mais cet effet reste éphémère. Avant tout, il est nécessaire que celui qui effectue une mission, une tâche… ait la preuve qu’elle est utile. Pourquoi certains sont-ils capables de bosser comme des acharnés ? Parce qu’ils œuvrent dans le sens, dans l’utilité convaincue et qu’à ce niveau, le travail peut rejoindre le plaisir. Ces convictions peuvent s’appuyer sur des résultats constatés de réussite ou même dans l’accomplissement de ses propres valeurs personnelles. C’est aussi une autre approche du travail, moins pénible et certainement plus gratifiante. Ainsi, clairement, le seul raisonnement économique pour organiser une équipe, un projet ne suffit pas à générer un désir et encore moins un plaisir ; il ne crée donc ni sens ni envie.
Et alors on fait quoi ?
Les pistes pour un travail séduisant par le sens sont autant évidentes que répétées. La vraie question (un prochain article ?) serait d’élucider pourquoi ces pistes ne sont toujours pas davantage usitées !
- Elaborez des objectifs clairs et lisibles pour chacun.
- Faites place à de l’initiative en refreinant la culture de l’échec.
- Communiquer votre satisfaction et même votre joie, devant des réussites ; dans ce même esprit, cultivez le positivisme qui relativise difficultés et échecs (sans les nier !)
- Expliquer à chacun comme à l’équipe l’utilité du travail accompli et les conséquences pour le projet, pour l’entreprise…
- N’oubliez pas que votre seule motivation ne sera jamais en mesure de tirer une équipe vers le haut !
- Répondez aux questions, entendez les observations, autorisez les critiques… tout cela pour que le sens de l’action s’affine pour tous.
- Rappelez à l’équipe les succès passés (ce sera toujours plus porteur que de leur mettre la pression avec ce qu’ils ont pu rater)
Voici une leçon que pourraient méditer bien des entreprises… J’aimerais (et je me bats pour) que cette idée soit entendue par tous ceux qui nous parlent, en entreprise comme ailleurs, d’efficience, d’activité rentable en oubliant que le principal moteur de notre action est le sens que nous arrivons à donner à notre travail.