78% des cadres bossent en dehors des horaires
Vous connaissez assurément le Burn out, maladie de plus en plus reconnue en raison du surmenage qui amène à craquer dangereusement.
Vous connaissez certainement moins le Bore out, (de l’anglais ennui), autrement pernicieux puisqu’il concerne des salariés rongés par leur inutilité (on retrouve très souvent des cadres mis sur la touche dans l’attente de leur éjection).
Et voici maintenant le Blurring ! Quand la vie professionnelle efface les limites avec la vie personnelle !
Ce phénomène du « blurring » s’accentue chez les cadres.
Votre journée de travail ne s’arrête jamais, même quand vous quittez votre bureau ? Vous devez parfois gérer des questions personnelles depuis votre lieu de travail ? Bienvenue dans le monde du blurring !
Chez les cadres, l’effacement de la frontière entre vie pro et vie perso est de plus en plus une réalité. C’est ce que désigne ce terme de « blurring » qui vient du verbe anglais « to blur » : flouter, effacer.
78% des cadres sollicités par leur travail en dehors des horaires
Les enquêtes sur la frontière pro-perso montrent désormais à quel point les cadres continuaient de travailler en dehors de leurs horaires et même pendant les week-ends et leurs vacances. L’étude d’Edenred sur le bien-être et la motivation des salariés vient encore le confirmer. Ce dixième baromètre montre également que l’effacement de la frontière pro/perso concerne en premier lieu les cadres hyper-connectés. Près de 80% sont ainsi sollicités pour leur travail en dehors de la journée professionnelle classique et quasiment la même proportion doit régler des problèmes personnels pendant leurs heures de travail.
Dans certaines professions, comme les agriculteurs ou les commerçants, le phénomène ne date pas d’hier. Mais, avec la généralisation des outils de communication comme le smartphone ou les tablettes numériques, il tend aujourd’hui à se banaliser.
Petit à petit, la frontière entre vie privée et vie professionnelle s’estompe. C’est encore plus vrai pour les dirigeants : 90 % des top managers et 84 % des managers sont sollicités par leur travail en dehors de leurs horaires professionnels. En retour, 77 % des tops managers et 78 % des managers règlent des questions personnelles au bureau.
Comment est vécu ce phénomène ? En septembre 2013, l’institut IPSOS a mené une enquête1 sur le sujet dans sept pays. 79 % des personnes interrogées jugent le blurring satisfaisant. Les Brésiliens et les Chinois se montrent les plus enthousiastes. En revanche, les Allemands et les Français sont 3 sur 5 à penser que cette confusion constitue une source de stress. Et la moitié d’entre eux culpabilisent de ne pas consacrer davantage d’attention à leurs proches. 89% s’accordent à penser que le phénomène est irréversible. Ce qui aura forcément des conséquences sur l’organisation du travail… et les conditions de vie personnelle.
Les outils de communication encouragent la flexibilité
Le phénomène s’accentue également en raison des outils pros mis à la disposition des salariés. Smartphones, tablette et ordinateur portable permettent d’être plus flexibles et de travailler plus facilement à distance. Le revers de la médaille c’est que les cadres sont aussi joignables à tout moment et tentés de consulter leurs mails le soir ou le week-end. Si 64% des cadres affirment tout de même être satisfaits de leur équilibre pro/perso, un sur deux souhaiterait que leur entreprise fasse plus d’efforts dans les nouveaux modes d’organisation du travail.
Sur le plan personnel et familial, les conséquences sont également présentes ! Le relachement n’est plus suffisament profond ou réel ou, tout au moins, il peut être interrompu à tout moment par le cliquetis du smartphone… « Pas grave ! Il suffit d’une minute juste pour regarder de quoi il s’agit » ! Il reste que ces interruptions de plus en plus régulières remettent en cause nos réelles priorités, y compris face à des amis, des enfants, une épouse,… qui en viennent à s’interroger sur la présence réelle et entière de celui qui est en face d’eux ! Conséquences sur la relation, conséquences également sur la pression ! Tous les concernés trouveront de bonnes raisons pour justifier de l’importance à demeurer ainsi en alerte ! Et pourtant, 95 % des messages peuvent attendre ! Pire, le fait d’y répondre par une disponibilité vive renforce encore l’idée de vos correspondants qu’ils peuvent vous déranger à toute heure !
Le blurring correspond assez bien à une nouvelle addiction, assise sur les sentiments d’urgence, de puissance, de peur de décevoir,…
Ressentir cette pression est en soi un pas intéressant pour en freiner la présence : il reste alors à s’interroger sur ses propres limites pour mieux les redéfinir, à se positionner sur de nouveaux « NON »… Certains cadres n’hésitent plus à redéfinir les contours de missions ou d’horaires, d’autres changent d’entreprise ou de job !
Et cette question est une problématique d’entreprise !
1 – Enquête réalisée en janvier 2014 auprès de 8 800 salariés allemands, belges, britanniques, espagnols, français, italiens, portugais et suédois.